C’est donc un ancien militaire et ex-ministre de la Défense, Bah N’Daw, 70 ans, qui a été choisi comme président de la transition au Mali. Ainsi en a décidé le collège composé d’un peu plus d’une quinzaine de membres, dont sept de la junte, le reste des places revenant au Mouvement dit du 5-Juin, aux syndicats, aux anciens groupes rebelles ou à la société civile. C’est le chef des putschistes au pouvoir depuis le départ du président Ibrahim Boubacar Keïta, le 18 août, le colonel Assimi Goïta, qui en a fait l’annonce sur l’ORTM.
Le nouveau président est censé officier comme chef de l’État pendant 18 mois avant un retour des civils au pouvoir. À ses côtés, le colonel Goïta désigné vice-président de transition doté d’importantes prérogatives sécuritaires, et appelé à remplacer le président en cas d’incapacité. « La cérémonie de prestation de serment aura lieu le vendredi 25 septembre », a précisé Assimi Goïta dans un bref flash spécial interrompant les programmes habituels de la télévision nationale.
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Communiqué :
Le collège mis en place pour la désignation des personnalités devant conduire la transition, après délibération a désigné :
Monsieur Bah NDAW, Président de la transition;
Colonel Assimi GOITA, Vice président. pic.twitter.com/hmefiVPQ0D
— CNSP Officiel (@CNSP20) September 21, 2020
Le comité vient d’enlever une épine dans le pied de la junte après des semaines de querelles entre Maliens, qui se divisaient sur le caractère civil ou militaire de la transition à venir, et sur le profil de ceux qui devaient la conduire.
Cette décision intervient alors que la pression des voisins du Mali qui réclament depuis le début un retour rapide à l’ordre constitutionnel et la nomination dans les meilleurs délais d’un président et d’un Premier ministre civils est plus forte que jamais. La semaine passée, l’organisation ouest-africaine n’avait laissé que quelques jours à la junte pour accéder à ses exigences.
La Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a suspendu dès le 20 août le Mali de ses organes de décision et infligé un embargo financier et commercial à ce vaste pays pauvre et enclavé. Elle a indiqué la semaine passée qu’elle lèverait ces sanctions aussitôt que la junte aurait accédé à ses exigences.
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Les militaires de Bamako, qui ont promis dès leur arrivée de rendre à terme les commandes aux civils, voulaient conserver la mainmise sur la transition. La nomination d’un ancien militaire semble une manière de compromis.
Le colonel Goïta, toujours affublé de sa tenue de camouflage et de son béret vert, a fait référence aux positions internationales en évoquant le “contexte global” et les engagements internationaux de son pays pour justifier les choix du jour.
La piste d’un militaire à la retraite se dessinait depuis plusieurs jours.
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Né le 23 août 1950 à San, dans la région de Ségou, le colonel-major Bah N’Daw, surnommé « le grand » par ses intimes en raison de sa taille (1,95 m), est un ancien pilote d’hélicoptère formé dans l’ex-URSS et qui fut aide de camp du général Moussa Traoré, dictateur qui a dirigé le pays sans partage pendant 22 ans jusqu’en 1991, décédé la semaine dernière.
Il avait été nommé ministre de la Défense en mai 2014 après la déroute des forces maliennes face aux rebelles touareg dans leur bastion de à Kidal (nord-est). Il n’était resté en poste que quelques mois.
Lors de concertations nationales, un profil de président de la transition a été défini. Selon les critères établis, le président de la transition doit être de nationalité malienne, âgé de 35 à 70 ans, être intègre et de bonne moralité. Il ne doit pas aussi avoir fait l’objet d’une condamnation pénale. Le nouveau président de la transition est officier de l’Ordre national, médaillé du Mérité militaire et aussi du Mérite national. Le Premier ministre et les membres du gouvernement de transition doivent également répondre aux mêmes critères que le président.
Bah N’Daw prêtera serment vendredi, a dit le colonel Goïta. C’est à lui qu’il appartiendra de nommer un Premier ministre, en vertu d’une charte retenue par la junte pour organiser la transition. La Cédéao réclame là aussi qu’il s’agisse d’un civil.
Les Maliens se sont profondément divisés entre les partisans d’une transition longue confiée aux militaires et leurs contradicteurs. Les premiers arguent du temps et de l’autorité nécessaires pour créer les conditions d’un redressement dans un pays au bord du gouffre. Les seconds redoutent une réédition des erreurs du passé dans un pays qui en est à son quatrième putsch en soixante années d’indépendance, célébrée mardi.
Le rôle imparti au vice-président était un motif d’alarme supplémentaire pour eux.
La durée de la transition a également opposé le Mali et la Cédéao. La “charte de transition” prévoit 18 mois. La Cédéao qui insistait initialement sur un maximum de 12 mois s’est montrée prête à accepter une échéance fixée à un an et demi la semaine passée. Son médiateur dans cette crise, l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan, est attendu au Mali cette semaine.
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Source : African Media Agency (AMA)