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Mali : Bah N’Daw investi président par intérim

September 25, 2020

Ce vendredi 25 septembre, le Mali tourne définivitement la page Ibrahim Boubacar Keïta, l’ancien président, déposé par un groupe de putschistes le 18 août dernier. C’est à compter d’aujourd’hui que lui succède Bah N’Daw, ancien ministre de la Défense, colonel-major à la retraite, âgé de 70 ans, pour une période transitoire de plusieurs mois préparant des élections générales et le retour des civils à la tête du pays. Il a prêté serment dans la matinée aux côtés du colonel Assimi Goïta devant la Cour suprême lors d’une cérémonie officielle.

La cérémonie, à laquelle assistaient de nombreux militaires en uniforme, s’est tenue en présence de l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan, médiateur mandaté par la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), qui doit décider de lever ou non ses sanctions à la suite de cette double investiture.

Cette décision dépendra de l’évaluation faite par la Cedeao et par son envoyé quant à la prise en compte par la junte de ses exigences, à commencer par la désignation du nouveau chef de gouvernement de la transition. C’est au président ghanéen Nana Akufo-Addo, au titre de la présidence tournante de l’organisation, qu’il revient de faire une annonce, a dit le médiateur mandaté par la Cedeao. « Je crois qu’il se prononcera probablement vendredi, après l’investiture », insiste-t-il. Sa présence annoncée à l’investiture de Bah N’Daw est perçue comme un signe favorable.

Liire aussi Mali : Bah N’Daw va présider la transition

La poire en deux

À Bah N’Daw revient justement la lourde tâche de nommer le Premier ministre, selon le plan de transition retenu par la junte. Une affaire de quelques jours au maximum, a déjà fait savoir la junte, qui garde jusque-là la main sur le processus, même si elle a été quelque peu contrariée de choisir aussi rapidement un président de transition civil. Dans tous les cas, avec la désignation de cet ex-ministre d’IBK, et celle du chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, au poste de vice-président, les militaires s’assurent un fort ascendant sur la transition à venir, alors que la Cedeao insiste sur le caractère civil de celle-ci.

Mais les colonels estiment qu’en choisissant un retraité, et avec la nomination attendue d’un Premier ministre largement pressenti pour être un civil, ils ont satisfait aux attentes de la Cedeao. Ils réclament donc la levée des sanctions prises le 20 août par la Cedeao, en premier lieu l’embargo sur les échanges commerciaux et financiers qui menace d’affecter durement une économie déjà à la peine. L’organisation ouest-africaine est critiquée pour sa rigueur à l’encontre du Mali. D’autant plus qu’elle se voit reprocher de se montrer moins intransigeante devant les agissements des présidents sortants en Côte d’Ivoire ou en Guinée pour briguer un troisième mandat.

Vers une levée des sanctions économiques ?

Après des années de croissance autour de 5 %, le Mali va au-devant de la récession sous l’effet conjugué de ces sanctions et du Covid-19, a déclaré à l’AFP Étienne Fakaba Sissoko, ce professeur d’économie à l’université de Bamako, ancien conseiller de la présidence. Le FMI a déjà revu les taux de croissance à la baisse, passant de 5 % à 0,9 % pour 2020. Même si les sanctions sont levées rapidement, leur impact est déjà ressenti par les populations – car il n’y a plus d’investissements ou de dépenses de l’État –, alors que le pays est en proie à des maux sociaux profonds, en plus de la crise sécuritaire. Par exemple, le paiement des salaires des fonctionnaires est un élément central et la junte en a fait sa priorité et fait tout pour éviter des manifestations sociales ou des grèves.

Cet effet, accentué par les fragilités d’une économie enclavée, peu diversifiée, sous-industrialisée et tributaire des importations, alarme les colonels au pouvoir. Ils appellent donc la Communauté des États ouest-africains à lever les sanctions au plus vite. Sur le plan financier, les banques nationales ne sont plus fournies non plus en liquidités, car la BCEAO (Banque centrale ouest-africaine) a suivi les sanctions de la Cedeao, il n’y a donc plus de fonds, d’où les guichets en panne.

Mais est-ce que ces sanctions peuvent durer plus longtemps ? Non, répond l’économiste Étienne Fakaba Sissoko. « Les pays de la région n’ont pas intérêt à ce que ces sanctions perdurent. Prenez l’exemple de la Côte d’Ivoire, considérée comme l’aile dure de la Cedeao par rapport aux sanctions. En 2018-2019, elle a dégagé un excédent de 300 milliards de francs de recettes d’exportations sur le Mali. Eux n’ont plus n’ont pas intérêt à ce que les sanctions perdurent. Le Sénégal, également : nous sommes le premier pourvoyeur du Sénégal en bétail », détaille-t-il dans un entretien.

La Cedeao a fermé les frontières de ses États membres avec le Mali et stoppé les échanges financiers et commerciaux, à l’exception des produits de première nécessité, des produits pétroliers ou de l’électricité. Le Mali accusait en 2019 un taux d’extrême pauvreté de 42,7 %, selon la Banque mondiale. Il figurait à la 184e place sur 189 à l’indice de développement humain de l’ONU proposant un reflet des conditions de vie par pays.

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Source : African Media Agency (AMA)

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