Après la qualification de pandémie décernée au Covid-19 par l’Organisation mondiale de la santé, les pays africains sont vite montés au front pour tenter de réduire au plus vite la propagation du virus. Près de sept mois après le début de la crise, le combat est loin d’être gagné. Au 23 août, plus de 23 millions de personnes ont été contaminées et plus de 804 000 décès, enregistrés à travers le monde. Pour l’Afrique, le bilan est de l’ordre de1 179 000 contaminés pour près de 28 000 décès. Même si ces chiffres sont relativement faibles, le continent est toujours confronté au risque d’une augmentation massive du nombre de patients et à la nécessité de trouver des alternatives à un confinement général. Face à cette situation, la solidarité de l’Union européenne s’est mise en branle.
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Pour lutter contre la pandémie, l’Union européenne a lancé un plan qui comprend une initiative nouvelle dédiée. Appelée « Team Europe », celle-ci entend venir en aide à tous les pays partenaires en dehors de l’Union européenne pour se remettre de la crise. Team Europe combine l’aide de l’Union européenne, de ses États membres et d’institutions financières telles que le Groupe de la Banque européenne d’investissement. En juin 2020, près de 36 milliards d’euros avaient été mobilisés pour cette initiative. Le Groupe BEI (Banque européenne d’investissement) a promis 6,7 millions d’euros pour Team Europe. L’aide de la BEI répondra aux besoins urgents en matière de soins de santé et aidera de nombreux secteurs publics et privés.
Plusieurs entreprises africaines et européennes ont indiqué leur forte volonté d’utiliser leur expertise et leur technologie pour trouver des alternatives à la mise en quarantaine des personnes et pour aider à lutter contre la crise. Certaines des nouvelles technologies numériques utilisées actuellement en Afrique peuvent être mises en œuvre rapidement et se sont révélées utiles dans la lutte contre la pandémie dans plusieurs pays.
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Pour mieux comprendre les solutions numériques qui peuvent aider l’Afrique et estimer l’investissement requis, la Banque européenne d’investissement (BEI) a organisé une vaste enquête dans de nombreux pays africains, avec l’aide du Programme des Nations unies pour le développement. « L’objectif était de mettre en évidence des solutions technologiques pouvant gérer la pandémie et de fournir une estimation des coûts », explique Jean-Michel Huet, associé du cabinet Bearing Point, impliqué dans l’enquête. « Cette évaluation a comporté deux phases principales : d’abord, identifier les solutions qui aident déjà l’Afrique et l’Europe ; ensuite, identifier les solutions numériques dont les pays africains ont besoin », ajoute-t-il.
« Ces solutions ont été classées selon cinq priorités : informer, communiquer sur les risques et géolocaliser des dossiers ; soutenir la réponse des systèmes de santé ; fournir les produits de première nécessité et gérer la continuité des services essentiels ; protéger des populations vulnérables et anticiper l’impact sur la société et l’économie. « Sur la base du système de classification, et après avoir examiné plus de 100 solutions numériques en Europe et en Afrique, des entretiens ont été menés et des questionnaires ont été remplis impliquant 50 personnes de 30 pays africains. Les personnes interrogées sont en charge de la coordination des investissements numériques liés à l’épidémie de Covid-19 », complète Ludovic Morinière, senior manager chez BearingPoint.
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Sur la base des résultats, trois catégories de pays ont été identifiées : n° 1, les pays à faible capacité à déployer des solutions numériques ; n° 2, les pays ayant une capacité intermédiaire à tirer parti des solutions numériques et n° 3, les pays qui ont déjà accompli trois ou quatre priorités identifiées dans l’étude. Selon Benoît Denis, économiste à la Banque européenne d’investissement, « l’investissement total nécessaire pour réaliser ces solutions numériques, hors coûts liés à l’infrastructure des télécommunications, à la formation ou à l’amélioration de la législation, a été estimé à 680 millions d’euros ». Il poursuit que la somme engagée s’est répartie comme suit : « D’abord pour les pays de la catégorie 1, 190 millions d’euros. L’objectif a été de trouver des solutions abordables pour les besoins immédiats et fondamentaux, tout en faisant une grande différence dans la vie des citoyens. Pour les pays de catégorie 2 qui ont reçu 140 millions d’euros, l’objectif a été d’améliorer et de développer les systèmes de santé à travers des programmes à moyen et long terme pour rationaliser la chaîne médicale et la prise en charge des patients en passant par la fourniture d’équipements médicaux. Enfin, pour les pays de catégorie 3 qui ont bénéficié de 350 millions d’euros, l’objectif premier a été de construire un système de santé pérenne en mettant en place un système d’information centralisé et connecté, permettant de traiter efficacement les patients et de recueillir des informations pour prendre des décisions rapides. »
Au regard de ces moyens somme toute conséquents qui ont été engagés, les pouvoirs publics africains bénéficient là d’une fenêtre d’opportunité pour agir. Ils peuvent véritablement en profiter. Ils peuvent leur permettre de répondre à plusieurs de leurs priorités à la fois et d’apporter une aide à long terme à la société et à l’économie. Au-delà de la pandémie, cette aide peut vraiment s’inscrire sur le long terme.
Source : African Media Agency (AMA)