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Dr Steed PATO :  » Moins il y a de conflits, mieux les éleveurs respectent les itinéraires »

July 21, 2020

Ouverte depuis le 31 janvier, la campagne de transhumance a pris fin le 31 mai dernier sur un appel du ministre de l’agriculture de la production animale et halieutique (MAPAH) Noel Koutéra BATAKA aux acteurs concernés à prendre toutes les dispositions pour assurer le retour des troupeaux transhumants dans leur pays d’origine. Environ 30.000 têtes de bovins ont circulé sur le territoire. Pour faciliter cette migration saisonnière, le Togo a mis en place une politique de transhumance en misant sur des couloirs de passage appropriés pour les troupeaux transhumants.

Après 4 mois de campagne sans incident majeur, Dr Steed PATO, point focal transhumance Togo a dressé le bilan avec nos confrère de Radio Lomé.

Quelle lecture faites-vous de la gestion de la campagne de transhumance passée ?

Pour le cas du Togo, spécifiquement c’est sous le signe de l’apaisement. Depuis un certain nombre d’année avec les orientations du Chef de l’Etat togolais, nous sommes parvenus à élaborer une politique de transhumance. Au départ, c’était un plan de gestion intégrant tous les éléments et chaque année nous adaptons ce plan en faisant un plan opérationnel.

Avant chaque campagne, nous anticipons en élaborant ce plan et en essayant de le partager, de le vulgariser au maximum auprès des acteurs pour faire en sorte que chacun puisse participer activement à la recherche de la paix prônée par les plus hautes autorités du pays.

On ne dira pas qu’il n’y a pas de situations délétères mais le crédo du ministère en charge de l’élevage est de véritablement anticiper dès qu’il y a des signes et agir rapidement dans le sens d’apaiser les différentes parties en jeu.

Où en êtes-vous par rapport aux décisions prises à Blitta en décembre dernier ?

Chaque année, nous nous retrouvons avec les premiers responsables des préfectures que sont les présidents des comités préfectoraux de transhumance (préfets), la chefferie traditionnelle, les acteurs de terrain, les interprofessions pour faire le bilan. A Blitta, nous étions amenés à faire un exercice assez coriace consistant à la modernisation de cette pratique.

Avec l’émiettement des zones de production agricole, nous envisageons d’aménager en interne une vaste zone de production bovine. Cela va permettre non seulement de faire converger les animaux sur l’étendue du territoire mais aussi de désengorger les animaux en provenance des pays sahéliens en plus des zones d’accueil.

Nous avons aussi mis l’accent sur le contexte sécuritaire. Un travail se fait avec les comités des autres pays pour faciliter l’identification des éleveurs partout où ils se trouvent. Au niveau national, il est question d’identifier tout éleveur là où il se trouve notamment par la géolocalisation, la structuration de son troupeau etc.

Parmi les recommandations pour moderniser ce secteur et réduire les conflits, figurent les ranchs. Ce projet reste-t-il d’actualité ?

D’actualité oui ! C’est ce que nous appelons les zones d’aménagement pour la production bovine (ZAPB). Le document de projet est élaboré. Nous travaillons là-dessus et les orientations ont été données pour pouvoir démarrer avec des préfectures pilotes. Une dizaine de préfectures pilotes sont déjà visitées. Le modèle est tel que les zones identifiées doivent avoir une superficie comprise entre 500 et 1.000 hectares pour faire converger un certain nombre d’éleveurs, créer les conditions d’aménagement des infrastructures sociales tout ce qui est dispensaire, écoles, cabinets vétérinaires, mini laiteries, …

L’enjeu c’est de faire en sorte que toute la chaine de valeur de production viande et lait soient prise en compte.

Un groupe de travail est mis en place avec un suivi rapproché du ministre en charge de l’élevage.

Qui parle de transhumance parle de porte d’entrée, de couloirs, de vaccination. Est-ce que les transhumants respectent les couloirs ?

Pour s’assurer que les éleveurs respectent les couloirs, l’indicateur serait le nombre de conflits générés au cours d’une campagne de transhumance. Moins il y a de conflits, mieux les éleveurs respectent les itinéraires.

On s’est rendu compte que depuis la mise en œuvre du plan opérationnel, les chiffres décroissent et on en a de moins en moins. Il y a certaines zones où il y a assez de griefs par rapport à des situations antérieures que nous ne maîtrisons pas forcément et qui font que certaines situations dégénèrent très rapidement. On arrive à des tensions assez exacerbées et l’on se dit qu’il doit y avoir des antécédents. C’est beaucoup plus avec les troupeaux sédentaires.

Sur le cas de la transhumance, les couloirs sont pratiqués parce que validés de façon consensuelle. Nous n’avons fait que sécuriser ces couloirs, faire en sorte qu’il n’y ait pas de production agricole dans ces zones et que les éleveurs puissent avoir accès à ces zones d’accueil.

Quels sont les problèmes liés à la gestion de la transhumance au Togo ?

Un point d’entrée n’est pas un point figé où les animaux passent. C’est une vaste étendue. L’une des difficultés c’est que vous pouvez attendre les animaux à un point X et vous vous rendez compte que c’est à 100 mètres plus loin qu’ils passent. D’où la nécessité d’avoir un mécanisme d’alerte pour rattraper le troupeau et vérifier leur certificat international de transhumance, de vaccination pour voir si les animaux sont dans un état sanitaire approprié, leur lieu de provenance, leur destination, etc.

Il y a aussi l’émiettement des troupeaux et parfois la présence des jeunes ou des adolescents en train de conduire les troupeaux. Ce qui n’est pas conforme aux dispositions décrites dans le plan opérationnel de gestion.

La transhumance est-elle sans violence par rapport aux années précédentes ?

Le Togo fait office de bon élève dans cette gestion et par rapport à la capacité des acteurs à pouvoir surmonter certaines difficultés et à arriver à bout de certaines situations. Le pays a déjà abrité deux réunions de haut niveau sur la transhumance apaisée entre les pays sahéliens et les pays côtiers. Notre pays s’apprête encore à abriter cette réunion si tout se passe bien.

On nous demande parfois de partager notre expérience. Nous ne devons pas faillir à cela. Notre effort c’est de maintenir ce cap. Une chose c’est de pouvoir arriver à baisser les conflits, les tensions en période de transhumance. Une autre, c’est de maintenir cette posture-là. Je crois que nous œuvrons à cela et tous les préfets font un sacré boulot par rapport à cela sous la manette du ministre de l’agriculture.

La transhumance sans violence, oui nous pouvons y arriver avec aisance mais cela a un coût.

Votre message pour conclure

Pour conclure, je dirais que nous sommes en train de créer des conditions pour faciliter le mouvement ou la mobilité du bétail des pays sahéliens vers les pays côtiers. Nous travaillons pour la mise en œuvre des dispositions règlementaires au niveau de la CEDEAO. A chaque rencontre des Chefs d’Etats de la CEDEAO, cette question revient. L’environnement constitué par l’élevage, la cohabitation, le déplacement ou la mobilité des peuples fait partie des préoccupations des Chefs d’Etats.

L’élevage est un aspect très important de la politique, la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Il faut créer les conditions pour qu’il n’y ait pas de situations conflictuelles pour que chaque acteur dans sa zone de prédilection puisse exprimer tout son potentiel. Il faut rappeler qu’il y a un dispositif qui existe comprenant un comité avec les démembrements et parfois des guides.

J’exhorte les producteurs agricoles à recourir aux mécanismes mis en place en cas de destruction de leurs parcelles pour un règlement consensuel des conflits. C’est l’esprit d’apaisement et de tolérance que chaque acteur doit avoir.

Merci Dr PATO.  

Propos transcrits par Anderson AKUE

Source : African Media Agency (AMA)

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