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Algérie : les restes des premiers résistants anticoloniaux de retour

July 04, 2020

C’est une cérémonie militaire solennelle qui a été organisée par les autorités algériennes pour recevoir les restes de 24 de ses combattants tués au début de la colonisation française au XIXe siècle. C’est un geste d’apaisement important que la France vient de poser dans le cadre de relations bilatérales souvent volatiles. Pour transporter les restes mortuaires – des crânes –, c’est un Hercules C-130 qui a été choisi, accompagné par des chasseurs de l’armée algérienne. Il a atterri à l’aéroport international d’Alger peu après 13 heures (12 heures GMT). Les cercueils, entreposés pendant des décennies au musée de l’Homme à Paris, ont été accueillis par le président algérien Abdelmadjid Tebboune et une haie d’honneur de militaires.

Émotions, recueillement et fierté

Recouverts du drapeau national, les 24 cercueils des « martyrs » ont été lentement portés par une longue haie d’honneur de soldats munis de masques sanitaires, au son de 21 coups de canon. Le président Abdelmadjid Tebboune s’est incliné devant chaque cercueil et un imam a prononcé une prière. « Les sirènes des bateaux rugissent dans le port d’Alger, vrai moment d’émotion dans une ville incroyablement silencieuse », a tweeté un internaute. Les cercueils seront ensuite transférés au palais de la Culture, où ils seront exposés pendant toute la journée de samedi. « Les héros de la Révolte populaire reviennent sur les terres pour lesquelles ils ont sacrifié leur vie », a affirmé le chef d’état-major Saïd Chengriha dans un discours, en fustigeant « le colonialisme ignoble ». Les crânes doivent être enterrés dimanche, jour anniversaire de l’Indépendance, dans le carré des Martyrs au cimetière d’El Alia à Alger.

Lire aussi Algérie : une « Journée de la mémoire » pour les massacres du 8 mai 1945

Sur le chemin de la réconciliation des mémoires

Leur restitution par la France est un signe fort d’un dégel dans les relations entre l’Algérie et l’ancienne puissance coloniale, marquées depuis l’indépendance en 1962 par des polémiques récurrentes et des crispations. « Ce geste s’inscrit dans une démarche d’amitié et de lucidité sur toutes les blessures de notre histoire », a déclaré vendredi à l’AFP la présidence française. « C’est le sens du travail que le président de la République a engagé avec l’Algérie et qui sera poursuivi, dans le respect de tous, pour la réconciliation des mémoires des peuples français et algérien », a ajouté la présidence française. Colonisée pendant 132 ans (1830-1962), l’Algérie avait annoncé vendredi par la voix de M. Tebboune le retour « des dépouilles de 24 chefs de la Résistance populaire », des « héros qui ont affronté l’occupation française brutale, entre 1838 et 1865, et que l’ennemi sauvage a décapités en représailles avant de transférer leurs crânes outre-mer (…) ».

De fait, ce n’est qu’en janvier 2018 que l’Algérie avait demandé officiellement à la France la restitution des crânes – plusieurs dizaines – et des archives coloniales. Lors d’une visite à Alger en décembre 2017, le président français Emmanuel Macron s’était engagé à restituer les restes humains algériens entreposés au musée de l’Homme. La même année, mais avant son élection, il avait qualifié à Alger la colonisation de l’Algérie de « crime contre l’humanité ».

Lire aussi Algérie : l’Assemblée sanctuarise dans la Mémoire les « crimes du colonialisme »

Solder progressivement plusieurs épisodes de la colonisation

C’est un historien algérien, Ali-Farid Belkadi, qui a soulevé en 2011 la question des crânes après des recherches au musée. Il déplorait alors que les crânes soient « calfeutrés dans de vulgaires boîtes cartonnées, qui évoquent les emballages de magasins de chaussures ». Une critique réfutée par la direction du musée. Plusieurs pétitions signées notamment par des historiens avaient réclamé le retour de ces restes en Algérie. La question mémorielle reste au cœur des relations volatiles entre la France et l’Algérie, où la perception est que la France ne fait pas assez pour solder son passé colonial. Les députés algériens viennent d’adopter une loi « historique » instaurant une Journée de la mémoire, le 8 mai, en souvenir des massacres de 1945 commis par les forces françaises à Sétif et dans le Constantinois (est). Alger veut aussi remettre sur la table le dossier des « disparus » pendant la guerre d’indépendance (1954-1962) – plus de 2 200 selon Alger – et celui des essais nucléaires français dans le Sahara algérien qui « ont fait et continuent à faire des victimes ». Ce geste d’apaisement intervient en plein débat sur les exactions des anciennes puissances coloniales dans le monde après la mort de George Floyd, un quadragénaire noir asphyxié par un policier blanc aux États-Unis.

Source : African Media Agency (AMA)

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