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Pandémie de la Covid 19 au Togo, les détenus des prisons beaucoup plus vulnérables

September 22, 2020

Les conditions de vie dans les prisons du Togo restent encore déplorables malgré les différentes actions menées par le gouvernement et les partenaires de l’administration pénitentiaire et de la réinsertion. La persistance de la menace du nouveau coronavirus (Covid 19) ne laisse aucun milieu indifférent, l’univers carcéral semble plus vulnérable que jamais. La situation sanitaire s’est aggravée, les visites aux détenus sont suspendues, toutes les activités entraînant des contacts humains sont suspendues y compris les activités de réinsertion sociale. La Covid 19 est venue amplifier la situation difficile des détenus.

« Tiens bon ! Le temps passe si vite ! Tu seras bientôt dehors ! Nous t’aimons et nous serons toujours là pour toi ! Cinq mois déjà que les paroles de réconfort des proches et parents ont cessé de résonner dans mes oreilles. Les journées sont devenues plus longues et insupportables. L’ennui ronge le plus profond de mon être. C’est maintenant que je me rends compte que je suis en prison. Mon seul espoir c’est que le gouvernement annonce la fin de l’épidémie du Coronavirus et la levée de l’état d’urgence sanitaire », nous a raconté par téléphone tout ému Pierre A., détenu à la prison civile de Lomé.

La psychose de la Covid 19 a atteint le monde carcéral. Le 12 mai dernier, la prison civile de Lomé a connu une ambiance particulière. Des détenus révoltés ont exigé leur libération après la découverte une semaine plus tôt de 20 cas confirmés à la Covid 19. Les surveillants de l’administration pénitentiaire (SAP) appuyée par la force spéciale anti-pandémie sont intervenus pour ramener le calme à la prison civile de Lomé après que des tirs de gaz lacrymogène soldés par des blessés enregistrés au sein des détenus. Le mur principal de la prison fut endommagé.

Bien avant ce soulèvement des détenus, le gouvernement togolais a pris plusieurs mesures pour préserver l’univers carcéral de la pandémie du nouveau Coronavirus. Parmi ces mesures, l’on peut citer entre autres la suspension des visites aux détenus, l’augmentation de la ration alimentaire à deux par jour, la suspension du programme d’activités de réinsertion, l’aménagement de la prison civile de Tsévié, localité située à 50 kilomètres au nord de Lomé, pour accueillir les détenus positifs à la Covid 19, etc.

La surpopulation carcérale, un facteur de risque

Avant la survenue de la pandémie de la Covid 19, l’effectif carcéral de Lomé était estimé à environ 1900. Pour de nombreux acteurs intervenant dans les prisons, les prisons du Togo sont surpeuplées et constituent un facteur de risque pour la Covid 19 tout comme d’autres épidémies. Il urge, à cet effet, d’aménager de nouvelles prisons plus modernes pour déconcentrer les lieux de détention et offrir de meilleures conditions d’incarcération pour les personnes privées de libertés.

Aujourd’hui, « il est difficile de savoir l’effectif exact du monde carcéral car la direction de  l’administration pénitentiaire (DAPR) refuse l’accès à toute personne étrangère aux prisons. Du coup, seuls les chiffres donnés par la DAPR sont disponibles », a expliqué Lambert Daisher, coordonnateur du projet Protection et réhabilitation des groupes vulnérables au Togo.

Une situation sanitaire précaire

La situation sanitaire dans les prisons du Togo n’est pas reluisante. Avec la pandémie de la Covid 19, la situation sanitaire s’est encore aggravée. A Lomé, pour toute la prison civile, un seul infirmier s’occupe des détenus. Il est appuyé au besoin par un médecin qui n’est malheureusement pas permanent sur le site. Notons que les produits de premier secours se font rares dans l’infirmerie de la prison, absence de laboratoire et d’équipements pour les radios et l’échographie.

Avec la pandémie de la Covid 19, l’administration pénitentiaire procède à la désinfection des cellules deux fois par mois avec une implication des détenus.

Le nombre insuffisant du personnel médical affecté pour les soins de santé aux détenus en cette période de Covid 19 expose cette catégorie de personne.

Selon le directeur de l’administration pénitentiaire et de la réinsertion, Idrissou Akibou, le gouvernement prend à cœur la santé des détenus et c’est pour cela qu’il a instruit l’aménagement de la prison civile de Tsévié pour accueillir les détenus testés positifs à la Covid 19. Des tractations sont en cours pour renforcer les infirmeries et le personnel médical au sein des prisons du Togo.

Secousse morale avec la suppression des visites

Les visites familiales et amicales réconfortent le moral des détenus ; elles sont une occasion de la manifestation de la solidarité à travers laquelle le détenu reçoit des aides financières pour satisfaire à certains besoins personnels en prison. Il bénéficie aussi de repas préparé avec beaucoup d’attention et d’affection. La suppression des visites augmente la vulnérabilité des détenus et constitue une entrave au droit de visite des détenus reconnu par les Nations-Unies.

« La vie devient de plus en plus insupportable pour plusieurs camarades et ils sombrent dans la démence. Si la DAPR ne prend pas le taureau par les cornes, les violences au sein de la prison de Lomé connaîtront une augmentation fulgurante », a déploré Pierre A.

Il a insisté sur la violation du droit de correspondance en cette période de pandémie au moment où les visites leur sont interdites. Passer un coup de fil à des amis ou à de la famille est devenue une activité illicite. Ce que rejette le DAPR Idrissou Akibou.

Par ailleurs, la suppression de toute activité inscrite dans le programme de réinsertion des détenus casse la dynamique enclenchée et expose les détenus en fin de peine à d’éventuelles récidives. La conséquence immédiate est l’échec de la politique de réinsertion en milieu carcéral.

Des initiatives à entretenir

La pandémie de la Covid 19 n’a pas empêché certains partenaires du monde carcéral à poursuivre leurs actions pour soulager la peine des détenus. C’est ainsi que l’Union Chrétienne des Jeunes Gens (UCJG) a apporté son soutien à six prisons du Togo à travers des dons de kits de protection composés de pain de savon, gel, masque, gant, eau de javel et du savon liquide. L’UCJG mène des plaidoyers et des formations des surveillants de l’administration pénitentiaire et des détenus pour la lutte contre la Covid 19.

L’association des sœurs religieuses intervient deux fois par semaine à la prison de Lomé. Une infirmière religieuse y fait le déplacement pour apporter son soutien à l’infirmier officiel de l’infirmerie de la prison de Lomé.

Le gouvernement a, précise M. Akibou, revu le nombre de repas en hausse et l’a porté à deux avec une qualité améliorée ; aménagé un espace de mise en quarantaine des nouveaux détenus avant l’accès aux prisons ; la désinfection de toutes les prisons pour réduire les risques de contamination avec une implication des détenus d’où le concept opération participative en vogue ; et l’instauration d’une petite quarantaine pour les détenus libérés. La grâce présidentielle accordée le 02 avril dernier à 1048 prisonniers dont 454 de la prison civile de Lomé pour désengorger les lieux de détention et éviter ainsi la propagation du covid-19 à la prison n’est pas à exclure.

La pandémie de la Covid 19 a permis de relever les insuffisances au sein des prisons du Togo notamment la prison civile de Lomé. Au vu des différentes conséquences, il urge de faire des réformes et moderniser les prisons du Togo pour que l’environnement y soit plus vivable avec en tête de mire, le respect des droits du détenu conformément au droit international et traités internationaux auxquels le Togo est partie prenante.

Anderson AKUE

Source : African Media Agency (AMA)

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